Henri Lhéritier
Henri Lhéritier, (1946-2011) est un écrivain et vigneron français de Rivesaltes.
Amateur de mots et de vins, il réunit ses deux passions en écrivant des romans qui touchent un public de plus en plus vaste. Il a créé et animé à Rivesaltes « La Maison du Muscat ». Il est par ailleurs membre du jury des Vendanges littéraires de Rivesaltes.
Bibliophile et grand lecteur -parfois proche de la monomanie lorsqu’il entreprend de lire toute la production du bien oublié Pierre Benoît- Henri Lhéritier a su laisser du temps à l’écrivain qui couvait en lui. A plus de 50 ans, il franchit le Rubicon avec « Crèts et Romani » où déjà le réel se fait engrosser par la littérature pour produire des enfants rieurs, turbulents et intelligents. Puis, débute sa collaboration avec le Trabucaïre qui publie « Agly ». Il creuse son sillon avec « De singuliers bourgeois » (qui lui valent quelques inimitiés) et « Autoportrait sauvé par le vent ». Son regard est déjà bien acéré mais son écriture reste classique. Il faut attendre « Le Défilé du Condottière » pour qu’éclate enfin, dans ce faux polar déjanté, toute sa puissance d’écriture et son humour. Ce dynamiteur de poncifs exulte enfin et lâche la bride à son talent. Il ose tout. Dans « Requiem pour Mignon », il conte sur un mode épique son unique voyage de jeunesse aux USA avant de produire son érudit et iconoclaste « Moi et Diderot (et Sophie)» où il brode sur les lettres écrites par le philosophe à sa maîtresse Sophie Volland. Un hommage à l’homme des Lumières qui avait tant séduit Michel Onfray qu’il avait tenu à le préfacer. Onfray qui a immédiatement fait savoir qu’il ne pouvait se souvenir d’Henri « (…) Sans son vin droit et juste qui lui ressemblait. Sans son talent injustement méconnu. Sans son attachement à sa terre qui a empêché que son œuvre quitte la terre sur laquelle ses livres étaient écrits. (…) »
Car si Henri Lhéritier passait le plus clair de son temps dans sa cave, il était aussi le pivot historique des Vendanges Littéraires de Rivesaltes qui, tous les ans, reçoit le gratin des lettres françaises et catalanes. C’est ainsi que de Jean Echenoz à Christian Oster en passant par Charles Juliet ou encore Jaume Cabré, les auteurs primé ont été séduits par l’humour et l’érudition d’Henri Lhéritier. Certains se sont même retrouvés transformés en personnage de roman comme dans « Les vêpres siciliennes » : « Participent-ils à des funérailles, les Echenoz, les Claude et Catherine Delmas ? Aux nôtres ? Nos rencontres des cafés, des musées, du métro, me toisent, certains rigolent, d’autres s’apitoient, la plupart s’en moquent, exactement comme dans un cortège funèbre. Ils me suivent sans m’accompagner. (…) anticipe Lhéritier, le vrai-faux mécréant qui imagine que Notre-Dame de Paris lui tombe sur la tête. Il poursuit : « A ce moment, je me sens terriblement vivant. A l’approche de la mort, la vie se manifeste, elle apparaît même précieuse à ceux qui, quelques secondes auparavant, croyaient s’en délivrer… Dois-je prononcer un parole historique, comme les grands guillotinés, ou les héros au seuil de leur mort, du genre « tu trembles, carcasse » ou « je meurs au-dessus de mes moyens » ? Non, ça ne m’intéresse pas, ce qui me succédera n’est plus moi et d’ailleurs, il me faut des heures pour construire une phrase à peu près correcte, or il n’y a pas de ratures dans les derniers mots d’un condamné, et puis peuvent-ils être de la littérature ? Ils ne sont peut-être que ça au fond. »
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