Depuis des siècles, les vins oxydatifs sont dans l’âme méditerranéenne. Sur les rives de la Méditerranée, on aime confier le vin au temps, tantôt exposé aux feux du soleil, tantôt lentement maturé dans le bois, au fond de caves sombres et silencieuses. De génération en génération, on se transmet les barriques, demi-muids ou foudres qui ont fini par s’accoutumer aux ténèbres et à accomplir leur long processus d’oxydation vertueuse.
El vi ranci, le rancio sec en pays catalan, c’est la tradition de conserver un trésor, la bota del racó, d’où sera tiré un mystérieux nectar lors de grandes occasions familiales, naissances, baptêmes, fiançailles, mariages.
Son caractère est d’autant plus exceptionnel qu’il n’a pas été ouillé, c’est-à-dire que l’évaporation que produit naturellement cette longue respiration conduit à une perte de liquide que l’on ne compense pas. Cercle magique de qualité : plus il s’évapore, plus il s’oxyde, plus il s’oxyde, plus il se concentre, plus il se concentre, plus il gagne en puissance et en noblesse, en personnalité.
La patience en fait un rituel, un vin de fête.
Le rancio sec a été d’abord tradition, puis oubli, puis indignité, avant de connaître une renaissance. Non seulement son réveil actuel s’apparente presque à une résurrection, mais encore est-il en passe de devenir un vin « tendance », dont la notoriété se jouera du temps et des frontières.
On commence à croire au renouveau en 2011 avec l’obtention d’une Indication Géographique Protégée (IGP) avec mention rancio (IGP Côtes Catalanes avec mention rancio et IGP Côte Vermeille mention rancio) mais les défis sont nombreux pour le rancio sec du Roussillon dans les années à venir…